Kénitra-Larache

16 octobre 2010

Après la fin du Tour de France 2002 et la victoire écrasante de Lance Armstrong et de son équipe US postal, j’ai décidé de reprendre la route cette fois pour un long voyage, car il me restait un mois de vacances avant la rentrée scolaire.

Ce voyage j’avais choisi de le faire dans le Nord du Maroc, car après plusieurs études sur des dizaines de parcours sur la carte routière du Royaume, j’ai opté à la fin pour le Nord, car je le connais bien, je connais ces routes et la plupart de ces villes, je l'ai visité plusieurs fois dans l’autocar bien sûr et cette fois j’avais voulu le faire à vélo pour bien profiter de ses superbes paysages.

Mais pour nous les Marocains de l’intérieur "Nass Dyl Dakhel" le Nord "Chamal"; c’est Tanger, Ksar Es Séghir, Tétouan, Fnideq, Martil, Cabo Négro, Oued Laou pas plus. Al Hoceima et Nador, c’est le Rif et Saidia on ne parle plus, car c’est rare les personnes de l’intérieur qui passent leurs vacances dans cette station balnéaire du Nord-Est.

Mais pour les géographes le Nord du Maroc, c’est de Tanger jusqu’à Saidia, c'est-à-dire toute la côte Méditerranéenne marocaine de la ville d'Ibn Batota, Tanger jusqu'aux frontières nord avec l'Algérie en passant par Tétouan, Al Hoceima et Nador. Et c’est ça que nous avons étudié en primaire et qu’on enseigne même aujourd’hui dans nos écoles: au nord du Maroc, il y a la mer Méditerranéenne, au sud il y a la Mauritanie, à l’ouest il y a l’océan Atlantique et à l’est il y a l’Algérie.

Et pour que ce voyage soit 100% Nord "Chamal", j'aurais dû aller jusqu'à Tanger en passant par Larache et de Tanger, j'aurais pris la route côtière jusqu'à El Jabha et s'il y a une route par la côte jusqu'à El Hocima, je l'aurais prise, sinon je serais allé à Ketama et de cette ville je serais allé à Al Hoceima et d'Al Hoceima je serais allé à Nador et de Nador, je serais allé jusqu'à Saidia si possible par la côte, sinon en passant par Berkane et de Saidia, je serais passé à Oujda pour prendre l'autocar et retourner à Kénitra. C'était ça mon programme au début, avant mon départ. Heureusement tout s'était bien passé de Kénitra à Oujda.

A Oujda, la nuit dans ma chambre, j’ai décidé de changer le programme et de ne pas prendre l’autocar, mais de continuer à vélo jusqu’à Kénitra en passant par Taourirt, Taza, Fez, Meknès et Sidi-Kacem, car j’étais en très grande forme malgré les 1000 km de pédalage au bord de la côte méditerranéenne et dans les montagnes du Rif et aussi j’avais de la chance, car depuis mon départ le vent était dans mon dos la plupart du temps et en plus plusieurs personnes sur la route m’ont conseillé de ne pas prendre l’autocar; par exemple à Ketama j’ai parlé avec le garçon de l’hôtel de mon itinéraire et je lui ai dit que j'allais continuer seulement jusqu’à Oujda, alors il m’a répondu avec un ton très dur « ne le fais pas, essaye de retourner dans ta ville à vélo, croyez-moi si tu ne le fais pas, tu vas regretter ça toute ta vie ». J’ai eu aussi le même dialogue avec un monsieur à l’entrée d’Oujda et lui aussi m’a dit de faire le retour à Kénitra à vélo.

Aujourd’hui, je pense toujours à ce long voyage et vraiment si je n’avais pas fait le retour à vélo d’Oujda à Kénitra et si je n’avais pas suivi le conseil de ces Messieurs; ce voyage serait incomplet pour moi et j’aurais un grand regret. Merci Messieurs pour l’encouragement et le conseil que vous m’aviez donnés et voici maintenant le récit complet de ce voyage qui a duré 15 jours avec plus de 1500 km de pédalage, de route, de souffrance, de plaisir, de joie … et de paysages. Des paysages extraordinaires et inoubliables surtout au bord de la côte Méditerranéenne et dans les hautes montagnes du Rif.

L'itinéraire complet de ce voyage à vélo dans le Nord du Maroc depuis la ville de Kénitra puis le retour à Kénitra après 14 étapes et une journée de repos à El Jabha et plus de 1500 km de route.

Etape N°1 Entre Kénitra Et Larche Par La Route Côtière En Passant Par La Commune De Moulay Bousselham Sur Une Distance De 112 Km.

Je me suis réveillé vers 5h pour arranger mes affaires dans le sac du vélo, car la veille j'ai acheté tous mes besoins pour cette étape; des biscuits, des barres de chocolat, de l'eau minérale, un type de massage et des pellicules "3 films de 36 poses" et des piles pour mon appareil photo et ma radio, ça c'était pour toutes les étapes.

La veille de mon départ, j'ai aussi parlé avec ma mère de mon voyage, je ne lui ai pas avoué mon projet bien sûr, je lui ai dit seulement que j’allais voyager avec mes amis au Nord "Chamal" pour passer dix jours et elle m'a répondu "arlach aradi di bicheklita" Traduction: "mais pourquoi tu veux emmener ta bicyclette ?". Je lui ai répondu "mais seulement pour me déplacer, car nous allons dans un camping qui se trouve loin de la ville de Tetaoun ". Je suis sûr et certain qu'elle n'a pas cru un seul mot de toutes ces phrases, car c'est ma mère et comme toutes les mamans, elle connaît bien sa progéniture.

A 6h pile, je suis sorti de la maison après avoir fait mes prières du matin et pris mon petit déjeuner. Les rues de la ville à cet instant étaient vides, j'ai roulé jusqu'au quartier industriel de la ville puis j'ai tourné à gauche pour traverser le pont d'Ouelad Berjal sur l'Oued Sebou et prendre la route côtière; une route très médiocre et très étroite et le malheur, c'est qu'elle est le passage des poids lourds, car il y a plusieurs carrières de sable près de la plage d'Ouelad Berjal pas loin de l’autoroute et cette route a aussi une mauvaise réputation par les dizaines d'agressions qui se commettent chaque année sur des automobilistes et des piétons aussi. Alors, pour éviter tout problème, j’ai roulé prudemment en regardant chaque fois à gauche et à droite surtout dans des passages où il n'y avait que de la forêt.

Après 50 km de pédalage, je me suis arrêté devant l’enceinte de l’école de Lagnafda pour voir si mon ami et ancien collègue du CFI (centre de formation des instituteurs ) était ici ou bien non, car des amis à kénitra m’ont dit qu’il habitait avec sa famille dans la maison de l’école. Heureusement je l’ai trouvé et il m’a invité à prendre un verre de thé avant de continuer le voyage, je suis entré chez lui, j’ai bu un peu du thé avec du pain, des oeufs, de l’huile d’olive et des olives aussi. Après une demi-heure je l’ai quitté et à cette occasion, je lui dis merci pour l’accueil et l’hospitalité.

Après Douar Lagnafda j’ai pris la route doucement au milieu des champs, cette fois il y avait des maisons au bord de la route et des champs de toutes sortes de légumes; tomates, pommes de terre, poivrons, aubergines, carottes… et au bord de la route il y avait aussi des vaches. Des dizaines de troupeaux de vaches, entre trois et six vaches dans chaque troupeau. Des vaches made in Holland tachées du noir et de blanc, elles étaient très grosses, ce sont des vaches laitières exploitées seulement pour la production du lait. Cette région est très agricole; c’est le Gharb, l’une des régions les plus agricoles de tout le Royaume.

Au kilomètre 76 et précisément au petit village de Dlalha, ce nom vient du Dlah ( pastèque ) et comme son nom l’indique, cette région est très connue par la culture de la pastèque. La pastèque de cette région est très connue sous le nom « Dlah Moulay Bousselham », elle est très appréciée par les clients de la ville de Kénitra et dans toute la région de Gharb.

Après la pause dans le village de Dlalha qui se trouve dans la commune de Moulay Bousselham à 30 km à l’Ouest de la ville de Souk El Arba Du Gharb et 10 km seulement de la plage de Moulay Bousselham, j’ai fait tous mes achats, car je le savais bien, c’est la dernière place pour s’approvisionner avant Larache, j’ai acheté du pain, une boite de conserve, une limonade et de l’eau minérale, j’ai mangé aussi un petit peu puis j’ai pris la nouvelle route qui relie Moulay Bousselham à Larache, cette route était un peu large que la route côtière entre Kénitra et Moulay Bousselham, elle était aussi vide et plate, pas la moindre montée. Au bord de la route, il n'y avait que des fermes et des champs. Des dizaines de champs de cacahuètes l’un près de l’autre, cette région de Larache est la capitale du Maroc pour la production des cacahuètes. La grande partie de la cacahuète qui se trouve sur les marchés marocains, vient de la province de Larahe. J’ai roulé doucement pour bien profiter de la verdure des champs jusqu’au croisement de cette route avec la route nationale N1 qui mène à Larache.

Vers 15 h, je suis entré à la ville de Larache, j’ai cherché un hôtel, j'en ai trouvé un dans la vieille ville pour le prix de 40 Dh la nuit.
NB : Le propriétaire d’hôtel m’a proposé une chambre partagée avec une autre personne; 20 Dh la nuit ou bien si j’avais voulu, une chambre tout seul pour 40 Dh la nuit.

Malheureusement dans cet hôtel il n’y avait pas de douche, ce qui m’a obligé à sortir pour aller en chercher une pas loin de l’hôtel. Après la douche je me suis reposé pendant une heure puis je suis sorti pour aller à la plage qui se trouvait de l’autre côté de l’Oued Loukkos et pour y aller il fallait traverser la rivière dans une embarcation avec des rames « Floka » pour le prix de 2 D, h la place. Sur la plage j’ai marché un peu puis je suis allé dans un restaurant pour manger et avant le coucher du soleil, je suis retourné dans ville.

j’ai fait un tour dans les ruelles de la ville et sur la corniche. Larache, c’est une jolie petite ville avec des atouts touristiques extraordinaires, mais malheureusement, ils sont mal exploités comme pour d’autres villes marocaines.

Après la dernière prière de la journée, j’ai fait mes achats dans une épicerie puis je suis monté dans ma chambre pour dormir le plus tôt possible et être prêt pour l’étape suivante entre Larache et Tanger.

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